Les Mobilités Innov’ – Logistique urbaine : 4 challenges à relever pour un écosystème apaisé.
Maxime Clerc, Septembre 2024
Nous étions présents le 30/08 dernier lors de l’étape lyonnaise des Mobilités Innov’, cycle d’événements lancés par l’Agence de l’Innovation des Transports en marge des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
L’objectif de ces événements : valoriser l’innovation dans les transports et les mobilités des personnes et des marchandises. Plus spécifiquement, l’escale lyonnaise faisait la part belle aux innovations dans le monde de la logistique urbaine.
Prêts à découvrir comment l’innovation et la collaboration peuvent apaiser nos jungles urbaines ?
Un environnement soumis à de fortes pressions et en constante évolution.
Pour débuter, quelques éléments de mise en contexte .
Le secteur de la logistique urbaine – ou logistique du dernier kilomètre – est un secteur économique où les marges sont très faibles. (1)
Ce secteur est également caractérisé par une très forte densité de petits acteurs (TPE / PME). Les grands transporteurs (Chronopost, DHL, GLS, Colis Privé…) sous-traitent en effet très largement les opérations finales. (1)
Ces différents acteurs sont soumis à de fortes pressions :
Répondre aux exigences des donneurs d’ordre et des consommateurs finaux en matière de durabilité. Les acteurs viennent alors proposer des solutions plus durables (transition des flottes vers l’électromobilité, nouveaux modes de livraisons, notamment avec les vélos cargo, optimisation des tournées, écoconduite…)
Répondre à l’augmentation du volume de marchandises livrées. L’e-commerce connaît depuis quelques années une forte croissance (10,5% en 2023) (2) qui induit mécaniquement une augmentation du volume de marchandises livrées.
Répondre aux exigences des donneurs d’ordre et des consommateurs finaux sur la réduction des délais de livraison. En moyenne, les consommateurs considèrent acceptable un délai de livraison compris entre 3 et 5 jours (3).
Intégrer dans la gestion des flottes et des flux de nouveaux canaux de livraison (remise en main propre, point relais, lockers…).
Quelles solutions innovantes pour répondre aux grands challenges ?
Comme l’a très justement mentionné Jean-Charles Kohlhaas, « la mobilité n’est pas une question de liberté individuelle mais une responsabilité collective ». Partant de ce constat, les débats se sont concentrés sur 5 grands challenges à relever pour une logistique urbaine apaisée, et sur la mise en lumière de solutions innovantes, mêlant intelligence collective et nouvelles technologies.
La question cruciale du foncier logistique.
Pour pouvoir mettre en œuvre des opérations de logistique urbaine efficace, il est indispensable d'avoir un foncier logistique disponible en zone dense et à un prix modéré. Sans cela, il est très difficile de développer des offres et solutions rentables (de cyclo-logistique notamment). En réponse à ce challenge, nous pouvons citer l’exemple de l’hôtel logistique urbain de Gerland, environ 29 000m2, qui propose des services mutualisés et répond à un large éventail de besoins des entreprises du transport et de la logistique.
La nécessité d’adapter les outils au contexte
Comme cité dans les discussions, il est illusoire de penser qu’une horde de vélos cargos va à terme remplacer les véhicules utilitaires et camions pour les opérations de logistique urbaine. En revanche, le développement de nouveaux véhicules ouvre de nouvelles perspectives et dès lors l’enjeu est de mettre le bon outil, la bonne solution de logistique urbaine en rapport avec le besoin adéquat. Nous pouvons citer ici l’exemple d’Ecofluv, solution de transport fluvial urbain qui permet de faire transiter marchandises et eaux usées via la Saône et le Rhône, remplaçant ainsi avantageusement les poids lourds.
La problématique de collecte de données pertinentes
En comparaison des données de mobilité des personnes, il est aujourd’hui très compliqué d'avoir des données fiables sur la logistique urbaine. Comme l’a souligné Yann Briand d’IRT System X "demander aux logisticiens leurs données revient à leur demander de livrer une partie de leur savoir-faire. Il faut créer un modèle gagnant-gagnant." Si la collaboration entre acteurs est complexe, elle est néanmoins possible et créatrice de valeur comme l’illustre le projet Disco en cours à Copenhague où une quinzaine d’acteurs ont accepté de mettre en commun leurs données pour gagner en performance dans leurs opérations de logistique urbaine.
La bonne exploitation de ces données
Si la collecte peut s’avérer problématique, l’exploitation de ces données n’est également pas aisée. Il faut en effet arriver à définir quels sont les usages et applications cibles pour déclencher la collecte de données pertinentes. Dès lors, les questions autour de la création de valeur et de la gouvernance deviennent centrales. Un exemple nous a été donné avec le dispositif Reguly, déployé et opéré par des acteurs privés (Mobility by Colas, Aximum, Logisur…) sous la gouvernance d’entités publiques (SPL Part-Dieu, Métropole Grand Lyon et Ville de Lyon). Et cela marche : après un an d’utilisation, c’est plus de 200h de circulation de camions évitées ou encore + de 3 tonnes de CO2 économisées par mois. (4)
En conclusion, cette étape lyonnaise des Mobilités Innov a été riche en échanges, en exemples concrets de solutions, et a de mon point de vue était une illustration frappante de la puissance de la collaboration au service de la création de valeur.
Si vous souhaitez aller plus loin et échanger sur les thématiques de mobilité, de création de valeur, d’intelligence collective et de collaboration, venez prendre un café dans nos locaux ou prenez contact avec Maxime.
Sources : (1) Xerfi (2) Fevad (3) Sendcloud (4) Lyon Part-Dieu